Jeudi 13 Février
20h30 Rencontre / Débat : Murray Bookchin et le communalisme libertaire
Jeudi 13 février on reçoit Floréal M. Romero qui publie aux Éditions du Commun Agir ici et maintenant Penser l’écologie sociale de Murray Bookchin (préface de Pinar Selek et postface d’Isabelle Attard). Il dresse le portrait du fondateur de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire, il retrace son histoire, son cheminement critique et politique.
« À l’heure où le capitalisme trébuche sur ses propres contradictions », Floréal M. Roméro propose de puiser dans la pensée de Murray Bookchin pour créer un « nouvel imaginaire collectif émancipateur ». Après avoir brossé, avec beaucoup de justesse et de pertinence, un « tableau sombre » du monde soumis aux logiques destructrices du capitalisme, il énumère ses propositions, retournant chaque symptômes, chaque crise, en « opportunité pour régénérer la société », et expose aussi les limites de la collapsologie, d’Extinction Rébellion, de We Don’t Have Time et autres mouvements prônant un « anticapitalisme tronqué », de la démocratie représentative, des « partis écolos », des « mairies rebelles » partisanes d’un municipalisme qui n’est qu’une réplique de l’État. Au contraire, son projet politique part « des nécessités et des moyens prioritairement disponibles localement et territorialement ». Il s’agit de « sortir du capitalisme en le diluant », de « restituer à chacun sa capacité de créativité sociale » en « luttant contre le système oppresseur » et « pour les alternatives émancipatrices ». « Mais pour se consolider et maintenir un imaginaire vivant et communicatif, il convient d’articuler ces dynamiques par une culture libertaire étoffée dans tous les domaines de la vie. » Il rappelle les échecs des grands mouvements de protestation sociale (Nuit debout, les Indignés d’Espagne,…) faute de n’avoir pu durer dans leur refus de la représentativité et dans leur dimension auto-organisatrice spontanée, tandis que « le spectacle hautement médiatisé de la démocratie représentative cache les coulisses de son vide politique, avec le concours de ce qu’objectivement, nous pourrions nommer la gauche du capital (partis anciens ou nouveaux comme Syriza, Podemos, France Insoumise). » Selon lui, il s’agit de fédérer les initiatives sociales, les luttes et les alternatives, au niveau local, de les confédérer au niveau territorial et international », de sensibiliser le plus grand monde « au concept démocratique réel », « décentralisé, égalitaire, non coercitif et coopératif », de favoriser la mise en commun, le brassage d’idée débouchant sur des engagements réels, de « socialiser les réflexions ». « La prétention étant celle de grandir en nombre et en capacité collective pour un jour pouvoir s’auto-instituer et remplacer la mairie, dernier maillon du pouvoir d’État. » « Tenter d’ouvrir une troisième brèche, celle du communalisme, au coeur même du capitalisme et la relier aux deux autres, le confédéralisme démocratique du Rojava et le zapatisme du Chiapas, tel est, en résumé, notre propos. » Optimiste, il conclut par une citation de Bakounine : « C’est bien en cherchant l’impossible que l’homme a toujours réalisé et reconnu le possible, et ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un seul pas ».
Floréal M. Romero est issu de la tradition anarchosyndicaliste espagnole par son père. Il adhère aux thèses de Bookchin et en devient un des principaux promoteurs en Espagne, mais aussi en France à travers des rencontres, des publications et des articles. Il vit en Andalousie où il est producteur d’avocats et travaille uniquement en lien avec des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). Il a également publié Murray Bookchin & l’écologie sociale libertaire avec Vincent Gerber aux Éditions Le Passager clandestin.